La tragédie du pouvoir filmée comme une farce. Le film est porté par le jeu de Toni Servillo, qui s'est composé le masque impénétrable et la silhouette étriquée du leader politique.
Le film est porté par le jeu de Toni Servillo, qui s'est composé le masque impénétrable et la silhouette étriquée du leader politique.
Avec Toni Servillo, Anna Bonnaiuto, Fanny Ardant. 1 h 40
Vu de ce côté-ci des Alpes, dresser le portrait d'un dirigeant démocrate-chrétien n'a rien d'enthousiasmant. Mais si cet homme résume l'histoire politique italienne, y compris ses aspects les moins affriolants - les liens supposés du pouvoir avec la Mafia, la loge P2, les Brigades rouges, les néofascistes, des officines du Vatican... - et si le réalisateur filme cette métaphore du pouvoir à la manière de Fellini, alors le sujet devient passionnant. « Il Divo », portrait baroque de Giulio Andreotti, prix du jury au Festival de Cannes, est le plus cadeau offert par le cinéma en cette fin d'année.
Figure centrale de la vie politique italienne, Andreotti a été élu député à vingt-six ans en 1945 et il poursuit aujourd'hui sa carrière d'un train de sénateur à vie. Il a été sept fois président du Conseil, vingt-cinq fois ministre : un record. Omniprésent, il est un témoin capital des attentats d'extrême-droite, des exécutions d'extrême-gauche, des meurtres de juges (Falcone), des morts suspectes de banquiers, de député, de journaliste. Est-il plus qu'un simple témoin ? La question brûle les lèvres. La juxtaposition de ces faits et de la carrière de celui à qui sa longévité exceptionnelle a valu mille sobriquets - l'Inoxydable, le Sphinx, le Bossu, le Renard, le Petit Bossu, La Salamandre - pourrait le laisser penser. Mais il n'y a jamais eu de preuve. Et, après de nombreuses années de procédure et une condamnation à vingt-quatre ans de prison, Andreotti a été blanchi par la Cour de cassation. « Il n'y a que les guerres puniques dont on ne m'a pas accusé », a toujours plaidé Andreotti, roi de la formule (voir encadré).
C'est une vacherie »
Paolo Sorrentino franchit la ligne jaune - de la présomption d'innocence - en imaginant mille choses, y compris une rencontre entre le chef de la DC et Toto Riina, l'un des parrains de la Mafia, tombé depuis. Seule certitude : Andreotti est sorti furieux d'une projection privée du film. « C'est très méchant, une vacherie », se serait écrié celui qui n'élève jamais la voix. Le réalisateur se défend d'avoir fait un film politique. Il ne revendique pas la filiation des cinéastes « engagés », Francesco Rosi, Elio Petri, etc., malgré son respect pour eux. Il se sent plus proche de Fellini, et son film favori est « Huit et demi » (1963), récit des angoisses, incertitudes, fantasmes du créateur interprété par son double éternel, Marcello Mastroianni. CONTINUE
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